15 April 2009 0

‘TOUT CONTES FAIT’ A PARIS

Spectacle de Jacques Masson

Paris a le secret de réunir les créateurs, souvent dans les lieux les plus inattendus. Il arrive que cela se passe dans la cave d’une grande maison du 5e arrondissement, pour une double exposition de peinture par un couple de peintres iraniens. Ou dans un simple diner d’amis revenus du Vietnam où la voisine de table vient de Cuba. Ce samedi de Novembre, c’est dans l’atelier d’un autre peintre, Hervé Masson, qu’une autre initiative réunit plusieurs dizaines de spectateurs : Jacques Masson offre son nouveau montage-spectacle Tout Contes Faits. Il lui revient déjà le mérite d’avoir conservé l’atelier du père ; voici le fils investi de la volonté de continuer à accueillir le travail artistique dans cet espace, rue des Amandiers, Paris 9e.

Dans la salle, des Mauriciens du monde culturel et artistique parmi d’autres invités conviés à ce diner-spectacle. L’on y reconnaît des fonctionnaires internationaux, des poètes, des hommes de théâtre. De sa haute stature, Bernard Lehembre, auteur de plusieurs ouvrages sur le pays, renoue encore son amitié pour l’Ile Maurice. Une autre évidence, cette assemblée est formée de gens provenant de pays divers : Italie, Vénézuéla, Angleterre. Comment Paris fait-elle, depuis tant de siècles, pour attirer ainsi des idées et des têtes porteuses ?

Jacques Masson a eu la bonne idée de choisir un thème approprié pour la période que nous vivons : l’argent ! Ne sommes-nous pas témoins un peu incrédules de la chute du système élevé en temple universel ou chacun adore l’Euro nouveau né, le roi Dollar et la déesse Roupie ? Il est bon de rappeler que de grands auteurs y ont songé depuis des siècles, aux bienfaits et aux dégâts causés par la place accordée à l’argent dans la vie de l’homme – et de la femme. Et le spectacle nous étonne par l’ironie de Jean de la Fontaine, la plume scalpel de Maupassant, la justesse touchante du portrait de Harpagon, dépeint par le dramaturge Molière.

Seul, debout parmi des tableaux familiers, l’acteur-conteur prend plaisir à chicaner son audience, dans nos petits calculs et nos rapports souvent affectés par l’argent. Amusés et un peu gênés, tant le texte fait mouche, nous réalisons que l’argent n’est qu’un ami gourmand qui séduit en transformant la convoitise en vertu, en créant toujours d’autres besoins encombrants. Ce montage présente l’avantage de pouvoir encore s’enrichir avec d’autres textes : la tirade de Shylock de Shakespeare, par exemple. Jacques Masson y songe-t-il déjà ? Tout compte fait, le public estudiantin, auquel le metteur en scène Sophie Jeney destine le spectacle, en aura pour son argent.

Daniel Labonne
Homme de théâtre
Paris, le 24 Novembre 2008.