Adieu au prince d’Ollier
Un poème de Daniel Labonne
En hommage à notre* ami d’enfance Berty
La jeunesse était notre patrie
Quand les pas convergeaient chaque samedi
Vers l’ombre bienfaisant de l’arbre-atelier
A l’angle de l’avenue Ollier
Jeunes cœurs tambourinant aux portes de la vie
Paroles éloquentes par le non-dit
Timidité contenant mal flot de passion
Respectueuses salutations
A l’autre génération
Certitude absolue de l’admiration
Des regards féminins aux aguets
Derrière le filet des rideaux
Telle la chenille en papillon
Métamorphose
Grace au rituel quotidien de la douche
Emergeant de l’uniforme incolore
Souillé de sueur et de graisse
Sourire sous moustache soignée
Chemise de soie aux motifs masculins
Chaussures cirées annonçant la danse
Dignité d’ouvrier drapée d’élégance,
Voici le prince d’Ollier*
Opère alors une magie
Transmutant les cavaliers de l’amitié
En d’irrésistibles conquérants
Des plaines illimitées du temps
Et de la planète Promesse
Lorsque s’entrebâillent
Battants de porte vitrée
Pour livrer à la lumière
Trinité de jeunes femmes
Monte une indicible musique
Enivrant cœurs et esprits
Et samedi s’étend tel un long ruban bleu
Sur lequel glissent de jeunes couples
Dans une danse étoilée
Éternisant le présent
Symbiose des jambes en mouvement
Sur la piste de danse-maison
Corps enlacés s’interrogeant
Entre héritage et avenir
Bercés par musique-complainte
De Percy le persécuté
Hurlant sa peine langoureuse
Depuis les berges de l’Alabama
Peine O combien ressentie en terre insulaire
Où amitié et labeur se conjuguent
Entre les quatre bornes de l’inconscience
Rejoins, ami, la racine ancestrale
De ton arbre royal
Qu’il offre le même ombrage
Aux volatiles de passage
Au nom de nos pères
De l’ainé de leurs fils
Et des sains d’esprit
Adieu au prince d’Ollier
Daniel Labonne
17 Septembre 2020.
Sille le Guillaume. France
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*Mykell et moi partageons mêmes souvenirs, mêmes sentiments fraternels envers Berty
*’Prince d’Ollier’ est le nom que Berty, moqueur, se donnait à lui-même