10 October 2020 0

Adieu au prince d’Ollier

Un poème de Daniel Labonne

En hommage à notre* ami d’enfance Berty

La jeunesse était notre patrie

Quand les pas convergeaient chaque samedi

Vers l’ombre bienfaisant de l’arbre-atelier

A l’angle de l’avenue Ollier

Jeunes cœurs tambourinant aux portes de la vie

Paroles éloquentes par le non-dit

Timidité contenant mal flot de passion

Respectueuses salutations

A l’autre génération

Certitude absolue de l’admiration

Des regards féminins aux aguets

Derrière le filet des rideaux

Telle la chenille en papillon

Métamorphose

Grace au rituel quotidien de la douche

Emergeant de l’uniforme incolore

Souillé de sueur et de graisse

Sourire sous moustache soignée

Chemise de soie aux motifs masculins

Chaussures cirées annonçant la danse

 Dignité d’ouvrier drapée d’élégance,

Voici le prince d’Ollier*

Opère alors une magie

Transmutant les cavaliers de l’amitié

En d’irrésistibles conquérants

Des plaines illimitées du temps

Et de la planète Promesse

Lorsque s’entrebâillent

Battants de porte vitrée

Pour livrer à la lumière

Trinité de jeunes femmes

Monte une indicible musique

Enivrant cœurs et esprits

Et samedi s’étend tel un long ruban bleu

Sur lequel glissent de jeunes couples

Dans une danse étoilée

Éternisant le présent

Symbiose des jambes en mouvement

Sur la piste de danse-maison

Corps enlacés s’interrogeant

Entre héritage et avenir

Bercés par musique-complainte

De Percy le persécuté

Hurlant sa peine langoureuse

Depuis les berges de l’Alabama

Peine O combien ressentie en terre insulaire

Où amitié et labeur se conjuguent

Entre les quatre bornes de l’inconscience

Rejoins, ami, la racine ancestrale

De ton arbre royal

Qu’il offre le même ombrage

Aux volatiles de passage

Au nom de nos pères

De l’ainé de leurs fils

Et des sains d’esprit

Adieu au prince d’Ollier

Daniel Labonne

17 Septembre 2020.

Sille le Guillaume. France

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*Mykell et moi partageons mêmes souvenirs, mêmes sentiments fraternels envers Berty

*’Prince d’Ollier’ est le nom que Berty, moqueur, se donnait à lui-même