LAFIMELA (L’Harmattan 2014)
SYNOPSIS
LAFIMELA, pièce de théâtre
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Le poète-artiste populaire a tendance à tomber victime du pouvoir, qu’il soit occidental, Africain ou insulaire. Un jour dans une île lointaine…
La fumée pourrait être un thème visuel de cette pièce de théâtre.
Au lendemain, d’un rassemblement organisé par un politicien pour promouvoir la décriminalisation de certaines drogues, la police avait arrêté le chanteur populaire à la crinière rasta et au verbe prophétique. Il avait avoué avoir fumé du gandia pendant la manifestation.
L’action a lieu dans un petit pays multiracial. Le chanteur populaire vient de succomber de mort subite et violente, dans une cellule du commissariat de police. Spontanément, soupçonnant brutalité et racisme, le petit peuple s’est soulevé et a tout saccagé, surtout les symboles de pouvoir et d’autorité. Les pilleurs en ont profité pour briser les vitrines et vider les commerces. Le pays a failli basculer, car le gouvernement et les responsables de la sécurité se sont sentis dépassés. Puis, brusquement, les émeutiers sont tranquillement rentrés chez eux.
La pièce se déroule après l’émeute, l’île étant tombée dans la torpeur.
L’action se déroule en une journée, principalement dans les rues de la Capitale.
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EXTRAIT
La Rue.
Le Peintre, Le Fils.
Le Peintre: Je crache du bleu pour célébrer l’éternité
Je crache du jaune pour hurler à la pleine lune
Je crache du rose pour oublier épines dans ma chair
Je crache du vert pour lever les bras tel la canne avant le coup de serpe
Je crache du rouge pour ressusciter les flots qui ont inondé cette terre ingrate
Mes couleurs dansent la folie du moment
Mes couleurs dansent les Dodos volant au paradis
Mes couleurs proclament les mots interdits
Mes couleurs entraînent au confluent des héritages
Regardez le spectacle de la toile qui se croit déchirée
Regardez l’ange qui s’empresse de s’envoler du néant
Regardez le portrait de la femme qui va m’enfanter
Regardez le paysage déformé au gré de vos bêtises
Il est des rectangles échappés aux mathématiques
En voici un qui étire ma peau telle une ravanne encore humide
Il est des moments tombés du cadran du temps
Ce tableau est le dernier profil de mon âme
Il arrache du plus profond des ténèbres une éblouissante lumière
Visible seulement les yeux fermés
Même les chiens reconnaissent la beauté à l’odorat
Venez frères aux quatre pattes renifler le dernier des oeuvres
L’exposition précède l’ouvrage
Car la médiocrité a rongé l’os jusqu’à l’épuisement
(Le Fils revient)
Le Fils: Alors, cela vient comme il faut, ton inspiration?
Le Peintre: Regarde.
(Il présente un cadre sans toile et le tend vers le public. )